La cité médiévale déploie sur des kilomètres d’élégantes galeries où se succèdent palais et demeures. Tout le charme de l’Emilie-Romagne.
À Bologne, tout est affaire de géométrie. Et d’abord, les arcs de cercle de ses portiques médiévaux que soutiennent des piliers inspirés des colonnes romaines. Ces arcades bordent sur 40 kilomètres les rues du centre historique – l’un des mieux conservés d’Europe -, préservant les piétons des pluies hivernales et du soleil estival. Dès leur origine, elles avaient aussi une fonction égalitaire. Elles forment des couloirs dont les voûtes supportent, sans distinction, les riches palais et les modestes demeures. Ces bâtiments se trouvent ainsi réunis par une même façade.
Bologne veille à conserver ce trait particulier depuis plus de mille ans. D’où son surnom de « la Rossa » (« la Rouge »), qui évoque la couleur de ses édifices, la brique des murs, la terre cuite des toitures, mais aussi la politique, car la ville de Pasolini vote traditionnellement à gauche. On l’appelle encore « la Dotta » (« la Savante ») en référence à son université fondée en 1088, l’une des premières au monde, si populaire que la cité fut vite incapable de loger tous ces étudiants. Les propriétaires gagnèrent alors sur la rue en aménageant un étage soutenu par des colonnes.
À partir du XIIIe siècle, la municipalité légiféra sur ces arcades, décrétant qu’il était illégal de les obturer, et qu’elles devaient être assez hautes pour laisser passer un homme à cheval. Le plus long portique court sur 3,5 kilomètres, du centre-ville au sanctuaire de la Madone de Saint-Luc. Ses 666 arches furent bâties entre 1674 et 1793 pour abriter une précieuse icône byzantine lors de la procession de l’Ascension, un rituel qui se perpétue depuis 1433.
Apres l’arc de cercle, voici les carrés et les barres. La cité répond toujours au plan en damier créé par les Romains, qui se dévoile du sommet de sa vingtaine de tours. au Moyen Age, une centaine surplombaient la ville. Ces postes de guet et ouvrages défensifs reflétaient surtout le statut social de leurs commanditaires. En témoignent toujours les « Due Torri » , les deux tours jumelles symboles de Bologne.
Au XIIe siècle, deux riches familles, les Asinelli et les Garisenda, se défièrent pour ériger la plus élevée de ces vigies. Les premiers l’emportèrent, avec une tour de 97 mètres de haut ( avec 498 marches de bois à grimper !). Les seconds, par manque d’argent, durent se contenter d’une « tourette » de 60 mètres, réduite par la suite à 48 mètres pour raison de sécurité.
Le pêché d’orgueil se retrouve dans le fronton triangulaire de la basilique San Petronio. Débutée en 1390, la construction de l’église, qui devait dépasser en grandeur la basilique Saint-Pierre de Rome, marqua le pas au XVIe siècle: le pape Pie IV mit alors le holà au projet sacrilège. Le revêtement de marbre s’arrête toujours au milieu de sa façade, laissant la moitié supérieure à nu.
Bologne a un troisième surnom : « la Grassa » (la Grasse »). Un clin d’œil à la gastronomie locale, la plus réputée d’Italie, pour son parmesan, son jambon de Parme et son vinaigre balsamique. Mais ne pensez pas y savourer des spaghettis à la bolognaise, mais plutôt des tagliatelles accompagnées de la sauce « ragù ». Les spaghettis, eux, sont une spécialité de Naples…
Conseils aux voyageurs
- Quand partir ? Au printemps et à l’automne, lorsque le climat est doux et que les étudiants sont là. L’été est étouffant, et la ville est déserte (les Bolognais sont à la plage)
- A savoir : le parmesan local (parmigiano-reggiano) est souvent servi en bouchées à la fin du repas. Son aspect un peu granuleux est augmenté par la présence de cristaux, un indice de la qualité de ce fromage d’appellation contrôlée.