Au départ de Manaus, la croisière sur cet affluent de l’Amazone pénètre au cœur de la jungle. Au programme : un dédale d’îles… et des dauphines roses.
Le bateau est le seul moyen de s’aventurer au plus profond de la forêt amazonienne. Le réseau routier qui la sillonne a beau s’étoffer d’année en année, il reste insuffisant pour accéder aux régions reculées d’une immensité de 6 millions de kilomètres carrés, à cheval sur neuf États sur-américains. De plus, son impact sur l’environnement s’avère catastrophique car il fractionne l’habitat animalier et permet à la déforestation d’avancer à grand pas. Même Manaus, la capitale de l’État brésilien de l’Amazonas, peuplée de 2 millions d’habitants, est plus accessible, outre l’avion, par voir fluviale que terrestre.
Située au milieu d’un continent, la métropole est, grâce à son port, le point de départ des croisières à travers la jungle, et bénéficie de son emplacement à la confluence de l’Amazone et de son affluent, le río Negro. la plupart des bateaux redescendent le fleuve jusqu’à Belém, à son embouchure avec l’Atlantique, distante d’environ 1 300 kilomètres. La remontée vers le nord du río Negro, sur l’un des navires à double pont typiques de la région, est moins courue.
L’affluent tire son nom de la couleur noire due à sa forte concentration en fer et en humus en décomposition. Son cours est sillonné par une foule de pirogues, chargées de légumes, de poissons ou de toile de jute. les voyageurs, eux, explorent à bord d’un canot les « igarapés », des bras de rivière peu profonds qui s’enfoncent dans la forêt équatoriale. Sur leurs berges, les Caboclos, des métis descendants d’indiens et de colons portugais, exploitent le caoutchouc. Le bateau gagne ensuite le parc national des Anavilhanas, à une centaine de kilomètres au nord de Manaus. Ses 400 îles, qui dessinent un labyrinthe de 3 500 kilomètres carrés, forment le plus vaste archipel en eau douce de la planète.
Chaque étage de sa forêt regorge d’animaux, depuis le sous-bois ou rôde le jaguar, jusqu’à la canopée, domaine des paresseux, des sapajous et des aras au plumage arc-en-ciel. Durant la saison des pluies, de novembre à mai, l’inondation de la majorité de ces terres permet d’accéder à des lieux impraticables le reste de l’année. Pendant la saison sèche (juin-octobre), des plages de sable se découvrent, propices aux baignades et à l’observation des botos – appelés aussi dauphins roses de l’Amazonie – dont subsistent encore 30 000 individus.
Sur le chemin du retour, la croisière fait une dernière escale sur le lac Acajutuba, un dédales de lagunes ouvert sur la rive sud du río Negro et dont les nénuphars géants envahissent les eaux stagnantes. Découvrez de nuit ses abords couverts d’hévéas, lorsque les caïmans sont de sortie et que la jungle résonne de milliers de bruits inconnus. Une expérience envoûtante.
Conseils aux visiteurs :
- Quand partir ? De juin à Octobre, quand l’humidité et la chaleur sont moins oppressantes. Mais la saison des pluies peut constituer aussi une expérience intéressante.
- À savoir : grâce à l’acidité des eaux du río Negro, les moustiques sont moins présents qu’ailleurs en Amazonie.
- Ne pas oublier : les vaccins recommandés: DTP et fièvre jaune. En cas de séjours prolongés ou « aventureux » : hépatite A et B, typhoïde et rage.